Art topiaire et sens au jardin

Sculpter le végétal pour un jardin de caractère

La pratique de la taille en topiaire constitue un trait d’union entre art de la sculpture et celui du paysage. Qu’elle soit en boules, cônes, spirales, haies, voire en nuages japonisants, Sudjardin sculpte la matière végétale vivante pour créer et maintenir des formes ornementales et géométriques propres à l’art topiaire.

L’art topiaire est issu du grec topiarus qui désigne le jardinier chargé d’exécuter ces sculptures végétales dont certaines peuvent donner vie à des personnages ou animaux. Les topiaires ont gagné leurs lettres de noblesse dans les jardins à la Française dès les XVIIème et XVIIIème siècles.

Les formes végétales de l’art topiaire nous racontent ainsi une histoire, si ce n’est l’Histoire. Ces formes travaillées empruntent au classicisme français : elles évoquent les perspectives en terrasses et parterres en enfilades de Le Nôtre à Versailles, ou encore le traitement paysager d'une entrée de domaines de prestige, dont certains viticoles, ou encore ces « Folies », maisons de villégiature construites dès le XIVème et principalement au XIXème siècle.

 

Beauté et fonction de l’art topiaire

Les topiaires continuent d’inspirer nos jardins de nos jours. De telles sculptures vivantes confèrent toujours un supplément d’âme au jardin. Ces formes harmonieuses apaisent, mais ont aussi la particularité de faire circuler le regard. Les topiaires sont ainsi des points de mire qui tissent ensemble une trame au jardin. Elles sont véritablement un atout permettant de donner une lisibilité au jardin.

 

Deux buis taillés à l’identique et symétriques, par exemple, indiquent le passage d’un espace à un autre en marquant un seuil… Ils nous invitent, à partir de leur point d’accroche, à faire glisser notre regard sur un axe en particulier qu'ils désignent. Le truchement de quelques autres topiaires pourra suggérer d’autres cheminements possibles.

 

Donner à lire le jardin, suggérer pour inviter au jeu, voire au mystère dans la lisibilité du jardin est la fonction des topiaires. C’est pourquoi les topiaires doivent à mon sens rester sobres dans leurs formes et leur nombre, et de plus être placées à des emplacements bien choisis et stratégiques pour être efficaces.

 

Vous êtes désireux de redonner sens et caractère à votre jardin ? Contactez-nous afin d’entretenir vos topiaires existantes, de tailler des arbustes existants, et/ou d’étudier ensemble les possibilités d’emplacements de nouvelles topiaires fonctionnelles. Quelques-unes suffisent à préciser les passages, les cônes de vue ou axes visuels à privilégier…

 

L’art topiaire donne une identité et rythme les différents espaces de votre jardin mediterranéen. Les arbustes méditerranéens endémiques et persistants à nos régions méridionales s’y prêtant particulièrement sont ainsi mis en valeur. Un Filaire ou un Laurier tin déjà installé au jardin par exemple, et taillé en topiaire ajoute à peu de frais du caractère à une entrée de propriété. Les exemples en image ci-dessous intitulent bien ce propos.

 

Une boule de buis, en bas à gauche, articule bien la limite du chemin (provenant de la droite) et de la propriété, le végétal articule un seuil entre parking et jardin. L’if, ici taillé en cône, structure ce bosquet en contrastant avec un massif traité plus à l'anglaise, avec ses rosiers arbustifs. Ce traitement en topiaire suffit à lui seul à révéler une entrée de propriété par cette suggestion au jardin à la française.

Enfin, une taille en nuage, plus japonisante, a pour fonction de réduire en hauteur un chêne vert obstruant le paysage en arrière-plan pour dévoiler ainsi la montagne Sainte-Victoire. Ces nuages découpés dans la ramure d’un chêne vert bien développé, contrastent avec l’angularité minérale de la montagne.

Cette topiaire, esthétique en elle-même, est là aussi pour mettre en valeur et sublimer un patrimoine géologique et culturel compris dans le cône de vue depuis cette terrasse, au premier étage de cette propriété à Saint-Marc Jaumegardes.

Ce Chêne vert taillé en nuages donne à voir d’une manière originale La Sainte-Victoire. Celle-ci n'est-elle pas le ferment d’un autre patrimoine pictural local, non moins célèbre, dont le chef de proue serait Cézanne ? Appréhender La Sainte-Victoire en biais, par l’évocation de topiaires japonisantes, la donne à voir d’une manière contrastée et mouvante, bien en relation avec ses représentations en peinture, pour faire paysage intégré au jardin, inscrit également dans le mouvement.

Le paysagiste intègre en effet dans sa conception du jardin mediterranéen le mouvement des tableaux successifs qu’offrira feuilles et fleurs au fil des saisons. Bien que maintenues en une forme, les topiaires créent contraste et mouvement, comme le regard porté sur le jardin au travers des époques et cultures.

Ceci nous fait entrevoir les topiaires comme formes typiques, ancrées dans, et ancrant le paysage. Elles sont, comme l’art de l’aménagement paysager, un dialogue. Dialogue non seulement humain, entre les besoins du client et les réponses apportées, comprenant différents retours et réajustements, mais aussi dialogue entre époques et cultures. Les topiaires nous invitent alors à sublimer un existant et à voyager dans l’Histoire, l’espace et le temps.

Il ne s’agit pas, par l’art topiaire, de succomber à la tentation postmoderne de mélanger tous les styles pour rejoindre l’insignifiant, mais de donner une lecture singulière du jardin, qui le révèle et soit à l’image du propriétaire.

Car c’est au jardin d’amorcer un regard et de susciter ce dialogue au sens propre, mouvement vers l’autre, mais également celui d’un dialogue plus intime, c’est-à-dire celui du dialogue intérieur.